Bakom mig så luktar släckta bränder
Så otäckt långt var jag beredd att gå
I din närhet
Jag skyddar mitt förvuxna, dumma hjärta
Jag ser mig aldrig om
Il eut des siècles où l’Histoire, aussi ingrate fut-elle, n’eut pas d’autre choix que de faire subir ce qu’il y a de pire pour un grand royaume. Les récits mythologiques de Sturlusson racontant les épopées d’Asa-Thor, le prince des Ases et ses victoires sur les champs de bataille tant mythiques que fantastiques avait laissé place à la dure réalité de l’absence de Finlande et des défaites napoléoniennes.
C’était ce à quoi Berwald pensait alors qu’il fixait, depuis une fenêtre du palais royal de Stockholm, la neige fraîche qui tombait en gros flocons éparts sur la capitale. Le tic-tac de l’horloge posée sur la cheminée réussissait à briser le silence qui enveloppait la pièce depuis que la nation de Suède avait révoqué la moindre présence dans l’anti-chambre. Il avait besoin d’être seul. Seul pour réfléchir à sa situation. Seul pour guetter la venue des invités à la réception donnée en l’honneur du nouveau roi élu. Car il y en avait un qu’il attendait de pied ferme.
La France.
Cette nation avec qui il eut des différends assez sérieux et qui, à l’apogée de son empire avait vu un de ses maréchaux se retourner contre son propre pays. Si un Bernadotte avait été élu Roi de Suède, à la grande surprise de Berwald, c’était bien qu’il s’était douté de la faiblesse de la France. Suède n’y était pour rien si son peuple en avait décidé ainsi. Les élections étaient les élections, et un français, le beau-frère de Joseph Bonaparte, allait poser son royal derrière sur le trône encore occupé par Karl XIII, trop sénile pour prendre la moindre décision.
Alors c’était pour palier à l’absence de Tino que Bernadotte avait réussi à lui offrir le pays qu’il convoitait depuis des siècles comme on offrirait à un enfant un lot de consolation. La Norvège. Quatre ans qu’ils étaient sous le même Roi, quatre ans que le Danemark lui en voulait des plus bas tréfonds de son âme. Mais était-ce seulement la faute du suédois ? Non. Il n’avait jamais demandé à Bernadotte d’œuvrer pour faire ratifier le traité de Kiel. S’il avait voulu la Norvège, Berwald l’aurait obtenu par ses propres moyens. Pas de cette manière. Mais comment faire entendre raison à un danois aussi peiné qu’en colère contre son propre frère ? Il n’y avait pas de méthode. Comment ne pas passer pour la nation capricieuse qui pleure pour remplacer un territoire qu’elle a perdu ? Le suédois était loin d’être ce genre de nation. Il ne l’avait pas demandé personnellement, son Roi seul avait pris la décision. Sans doute pour lui faire plaisir. Désormais, il fallait laisser faire le temps. La Norvège aurait son indépendance, un jour ou l’autre. Mais pas maintenant.
On frappa à la porte. Sans détourner le regard de l’extérieur, la Suède attendit qu’on entre :
▬ Min herre, Norge ber att få tala med dig.
(Mon seigneur, la Norvège demande à s’entretenir avec vous.)Il ne répondit qu’un simple « hum » avant que la Norvège ne fasse son entrée dans la pièce. Il ne se retourna pas. De toute manière, il sentait déjà son regard glacial posé sur son dos. Le suédois regardait toujours la cour d’un air las, où quelques carrosses circulaient et déposaient les premiers invités.
▬ Tu crois sans doute que c’est en te cachant que tu vas pouvoir parler à Francis ?
Un soupir s’échappa de la bouche suédoise. Il avait invité le français par simple courtoisie, puisque le Roi était désormais quelqu’un de chez lui. Il se doutait bien que le retournement de Bernadotte contre lui avait dû lui valoir la haine de la France. Et s’il l’avait convié à la réception par politesse, il est quasiment sûr de fuir son regard ou même sa personne à la moindre occasion. Norvège avait raison. Depuis toujours il l’avait comparé à son frère danois et depuis toujours il avait été désigné comme étant un lâche. Ce qui n’était pas si éloigné de la vérité.
Il pouvait entendre le norvégien soupirer derrière lui.
▬ Cesse donc de te comporter comme un enfant et va accueillir les invités. Karl t’attend.
Lorsqu’il parlait comme ça, Berwald avait l’impression que son frère devenait sa mère. Ce qui n’était pas si faux non plus. Dans la fratrie, deux ne cessaient de se battre pour des broutilles (en l’occurrence des territoires sur la Baltique qu’on aurait pu prendre pour un jouet que l’on se passe de mains en mains) alors que le petit dernier était toujours en train de s’interposer pour éviter le pire.
Il tourna la tête vers son frère, dénouant un peu le col de son habit de cérémonie brodé de fils d’or qu’il ne mettait que pour les grandes occasions, le fixant du coin de l’œil. Et abdiqua.
⁂
La salle de réception commençait à atteindre une bonne limite de brouhahas sur fond de musique classique que le suédois avait du mal à supporter. La place était à la fête et les esprits à se laisser doucement bercer par l’alcool qui florissait dans les longs verres à pied que les valets distribuaient çà et là aux invités qui arrivaient de plus en plus nombreux.
Berwald ne connaissait que quelques-uns de ces gens. Des notables suédois, des membres du gouvernement, quelques membres de familles royales alliées invitées à l’occasion. Mais dans tout ce joyeux bal de robes en soie et de dentelles, il n’avait pas encore reconnu la France. Avait-il eu seulement l’envie de venir ? Il n’avait jamais reçu de réponse à son invitation, ou alors s’était-elle perdue en chemin, qui sait. Il refusa un verre de champagne qu’un valet lui proposa et se dirigea vers l’entrée du palais.
Si la France arrivait, il l’attendrait. Patiemment.
En gång i en framtid ska jag glömma
Hur otäckt långt jag var beredd att gå
I din närhet
Jag upprepar ett löjligt, gammalt mantra
Jag ser mig aldrig om
Jag ser mig aldrig om...
- Spoiler:
Ce post est un leurre. Il est nul, pourri et sent la köttbullar dégueulasse à la mode finnoise. J'espère faire mieux la prochaine fois.